Textile, vers une filière plus durable

[ RETRO 2024 ] Vous êtes plutôt qualité ou prix cassés ? Tendance ou indémodable ? Nos habits sont un condensé de contradictions : ça va du pire – la mode jetable produite très loin d’ici – au meilleur – une mode éthique, responsable et circulaire. Ça tombe bien, dans l’agglomération lyonnaise, les ingrédients du meilleur sont réunis : les entrepreneurs, l’envie, les moyens, et même des solutions de réutilisation et de recyclage révolutionnaires ! De quoi agir face à l’une des industries les plus polluantes. C’est précisément cette transition que la Métropole accompagne.

  • Entreprise

Cet article a été initialement publié le11 mars 2024

L’an dernier, la Métropole a consacré plus de 800 000 euros à cette question, en ciblant des objectifs bien précis  : amener l’industrie locale vers des modes de production durables, structurer une filière circulaire et solidaire et améliorer la fin de vie des textiles. « Avec plus de 1 800 acteurs et près de 14 000 emplois, le textile a fait la richesse de notre territoire et se renouvelle pour répondre aux enjeux écologiques et économiques », souligne Émeline Baume, vice-présidente de la Métropole à l’économie et au Commerce.

 

Looké sans surconsommer

Pour que le textile en mode durable s’impose, une des clés, c’est nous, les consommateurs. Il faut réinventer notre lien au prêt-à-porter. En trois points, ça donne quoi ? Consommer moins, consommer mieux et donner nos vieux vêtements.

Acheter moins, c’est le nerf de la guerre. Nos armoires sont pleines de ces habits pas chers, dont les prix cachent des conditions de fabrication indignes, à l’autre bout de la planète. Avec les tendances qui changent tous les quinze jours, à peine achetés, ils sont déjà périmés ; sans parler de la qualité médiocre. En 40 ans, notre consommation de vêtements a été multipliée par deux !

Face aux incitations à consommer, difficile de résister. Mais on peut prendre de nouveaux réflexes, à commencer par acheter selon nos besoins, choisir la seconde main ou réparer pour faire durer. Et comme jouer de l’aiguille n’est pas donné à tout le monde, la Métropole favorise l’installation de retoucheries, comme les Curieux (Lyon 2), les Réparables (Lyon 6) ou GoodLoop. Hébergée au pôle d’entrepreneurs LYVE à La Duchère, l’équipe répare vos équipements techniques, de la tente à la doudoune, sur des machines en partie financées par la Métropole.

Stylé en mode augmenté

L’autre priorité, c’est le mieux. Et pour ça, les adresses pour s’habiller circulaire, local et responsable se multiplient.

Ça commence par des friperies, des plus pointues comme TripFrip à Lyon 7, aux plus abordables comme les Bric à Brac du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri à Oullins, Décines ou Vaise. Nouvelle venue à Lyon 8, Seconde Mode propose un modèle hybride. « C’est la friperie la moins chère de Lyon : 4 euros le kilo, mais dans un magasin spacieux et agréable, explique Martial Do, directeur général de l’association Tremplin, gestionnaire de la boutique. Quelqu’un qui en a besoin peut s’habiller de la tête aux pieds pour 10 euros. Et celles et ceux qui chinent par envie trouveront la bonne pièce à un prix modique. » Aussi bien que Vinted, l’empreinte carbone en moins.

Proposer de la seconde main propre et bien présentée, c’est en faire un choix de consommation.

Martial Do, directeur général de l’association Tremplin

 

Vitrines de la mode éthique

Ce textile d’un nouveau genre essaime y compris là où on ne l’attend pas. Par exemple au centre commercial de la Part-Dieu. Avec le soutien de la Métropole, le collectif Cent Façons y a ouvert une boutique éphémère, pour présenter la mode autrement : créateurs éco-responsables labellisés “Fait à Lyon”, tenues surcyclées*, location de vêtements... de quoi éveiller les consciences et passer à l’action.

Sur les pentes de la Croix-Rousse, le Passage Thiaffait va devenir le nouveau spot en vue, symbole d’une mode responsable, porté par le Textile Lab et soutenu par la Métropole. Boutiques, coworking et outils de production : on y trouvera tout ça. L’objectif ? « Créer un lieu totem du textile circulaire et solidaire pour les créateurs qui ont envie de produire mieux et autrement », revendique Émeline Baume.

Trier c’est gagner !

À l’autre bout de la chaîne se pose la question de la fin de vie du textile. Retour en boutiques, bornes de tri ou dons à des associations : réinjecter ses vêtements dans le circuit, c’est le début du circulaire. Mais pour que ça fonctionne bien, il faut une filière locale complète. C’est précisément le but de Textile 360, expérience menée par l’association Tremplin à Bourg-en-Bresse, dont la Métropole et ses trieurs (Armée du Salut et le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri) s’inspirent.

« 80 % de ce que nous collections dans nos bornes partait à l’étranger, explique Martial Do. En combinant réemploi dans nos boutiques et surtri de qualité pour des industriels locaux, nous avons inversé la proportion en deux ans – 85 % du contenu de nos bornes reste ici. »

Les textiles et chaussures récupérés servent aujourd’hui à fabriquer de l’isolant éco-conçu, des revêtements de terrains de sport ou des polaires 100 % recyclées, le tout à 360 km maximum autour du lieu de collecte.

Trouver où donner ses textiles

La tech à la rescousse

Donner une vie sans fin au textile, c’est aussi repérer les innovations qui changent la donne. Comme celle de Recyc’Elit, qui a mis au point un procédé pour séparer le polyester des autres matières dans les tissus mélangés. Avant, c’était impossible, ce qui destinait beaucoup de textiles à être brûlés. Un financement du Fonds d’amorçage industriel métropolitain et un espace au sein d’USIN Lyon-Parilly vont permettre à la start-up d’industrialiser cette technologie.

Dans la même idée, la Métropole coopère avec le groupement Nouvelles Fibres Textiles, à Amplepuis. Son usine automatise le tri du linge par couleur et par matière tout en éliminant boutons, fermetures éclair et autres perturbateurs de recyclage. Ce qui permet de récupérer des fibres pures déjà colorées – par exemple du lin vert sapin – qui, à terme, seront retissées sans passer par la case teinture, hyper polluante.

Cap sur la transition

Et puis il y a toute l’industrie textile du territoire à accompagner vers des façons de produire plus durables. La Métropole y consacre un budget conséquent. En 2023, elle a versé plus de 320 000 euros d’aides directes pour soutenir l’évolution des modèles ou des outils de production d’une dizaine d’entreprises textiles.

Elle soutient aussi le pôle de compétitivité Techtera qui est en train de cartographier les stocks dormants dans les usines du territoire qui pourront être revalorisés. À la clé ? Un vivier de matière pour les créateurs locaux ou pour les recycleurs.

Chiffres clés

  • 7 sur 10 vêtements en France sont du low cost
  • 1 jean neuf équivaut à 11 000 litres d'eau
  • 1/4 des textiles métropolitains sont collectés

Services associés

Développement économique

La bonne santé d'un territoire passe par son dynamisme économique. Il permet d'attirer des entreprises, des visiteurs, de soutenir des structures en devenir et de créer de l'emploi. La Métropole s'engage à développer une économie qui profite à tous et soit respectueuse de l'environnement.
Dernière mise à jour le 30 juin 2025
Haut de page