Samedi 17 mai, les portes de Lugdunum s’ouvrent pour la Nuit des musées 2025 (photo) et le public découvre la vidéo réalisée avec la classe de latin de 3e du collège Colette à Saint-Priest. Imran, Kélyssa, Jade, Abdel‑Malek et les autres lisent les textes que leur ont inspirés les différents personnages de l’exposition Un empire, des peuples. « Riches de savoirs, épanouis et plein d’espoir / Des plans plein la tête dans n’importe quelle situation / Comme Thaïm, notre héros de l’exposition. » Ces élèves ont travaillé pendant plusieurs mois en classe, à la maison et dans le musée, dans le cadre d’un dispositif intitulé “La classe, l’œuvre !”, fruit d’un partenariat entre les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale et soutenu par la Métropole de Lyon.
Les jeunes se sentent plus concernés parce qu’ils sont mis au premier plan.
Virginie Guy-Colomby, responsable du service Culture, vie associative et médiathèque à Écully
Acteurs de leur apprentissage
Au moment de présenter le résultat de leurs travaux ce soir-là, il y a de l’excitation et de la joie. D’autant plus que leurs parents sont assis dans le public. « C’est un projet ambitieux qui a permis aux élèves de rencontrer plusieurs espaces, artistes et objets », raconte leur professeur Nadia Rabia, fière de sa classe. « Ils se sont appropriés les personnages et ils ont chacun trouvé leur voix, avec l’aide du slameur Mehdi Krüger. Ça les rend acteurs de leur apprentissage parce que ce sont eux qui en écrivent le sens. » Pour les adolescents, c’est l’occasion de sortir du cadre scolaire et de découvrir « un autre aspect du musée, plus ouvert », comme le souligne Imran.
C’est aussi le moyen de leur montrer à quel point l’offre culturelle du territoire est riche et, peut‑être, les inciter à oser pousser plus facilement les portes de ces institutions. Le dispositif des Classes culturelles numériques (CCN) suit ce raisonnement. Accompagnés de professionnels du milieu artistique ou scientifique, des collégiens et des écoliers travaillent pendant un an, de façon collaborative en ligne, pour mener à bien des projets pluridisciplinaires autour d’enjeux actuels. Cette année, la Métropole de Lyon a déployé neuf CCN ; l’une d’elle a permis à 200 élèves d’écrire des nouvelles selon les règles du cadavre exquis avec l’auteur Wilfried N’Sondé. Ils les ont ensuite présentées dans le cadre du Festival international de littérature de Lyon, porté par la Villa Gillet. « Au début, quand nous leur avons présenté le projet, les élèves ont rechigné. Pour eux, c’était du travail supplémentaire », raconte Annabelle Da Silva, enseignante de français au collège Marcel‑Pagnol à Oullins-Pierre-Bénite. « Peu à peu, ils se sont emparés du projet. C’était génial de voir leur investissement grandir. Plus que le résultat, ce qui est encourageant, c’est d’assister à cette appropriation par les élèves. »
Les Classes culturelles numériques, on en parle
À découvrir en vidéo
Libérer la parole avec We are the new generation
Lancé en 2022 par l’association Pour la suite du monde, le collectif We are the new generation accueille des mineurs non accompagnés dans des résidences de création musicale. « C’est un ancrage social très important pour ces jeunes », explique Mathilde Delarue, cofondatrice de l’association. « Ils se retrouvent autour d’une passion commune qui les valorise et ils multiplient les rencontres avec les acteurs du territoire et les publics. » Accompagnés par deux musiciens, les membres du collectif chantent en live leurs histoires, leurs peurs et leurs rêves. Leur tournée se poursuit à la rentrée avec un concert à Rontalon (Rhône) le 20 septembre.
Par les jeunes, pour les jeunes
Si pratiquer est essentiel - le territoire dispose de 57 bibliothèques et 76 écoles de musique -, les enfants et adolescents doivent aussi se placer en spectateurs pour développer leur sens critique, leur curiosité et leurs connaissances culturelles. Les institutions redoublent d’efforts pour proposer des parcours dédiés à ces nouvelles générations, comme les expositions interactives au musée des Confluences et à Lugdunum. Le dispositif Collège au cinéma a également permis à plus de 10 000 élèves métropolitains de découvrir des œuvres cinématographiques lors de projections spéciales.
Adapter la programmation pour répondre au mieux aux attentes des jeunes est un vrai défi : alors pourquoi ne pas les laisser choisir ? Depuis 2021, le Théâtre de la Renaissance à Oullins‑Pierre‑Bénite, en partenariat avec l’Association des centres socioculturels d’Oullins (ACSO), a décidé de confier la programmation des spectacles jeunesse à un comité d’adolescents. « Cette génération sait ce qui est important et elle veut se sentir actrice dans les décisions » souligne Marie‑Hélène Félix, responsable de la programmation jeune public du théâtre.
Les jeunes, âgés de 12 à 15 ans, font leur sélection parmi une vingtaine de spectacles. Ils ont ensuite la responsabilité de choisir comment communiquer auprès du public avant et pendant les représentations. « Comme ils prennent conscience que les adultes n’interviennent pas à leur place, ils sont assidus et engagés. Au sein du théâtre, ils ont créé de vrais liens avec l’équipe et ils continuent à s’impliquer dans le dispositif, même quand ils n’y sont plus, grâce au parrainage », précise Marie‑Hélène Félix.
À travers le développement des pratiques artistiques dédiées aux jeunes et la prise en compte de leurs intérêts dans la programmation, l’accès vers une culture inclusive, participative et attractive est renforcé. De quoi inspirer ces nouvelles générations pour construire l’avenir !
Chiffres clés
- 500 000 € consacrés chaque année à l’EAC par la Métropole
- 200 projets structurants
- 93 collèges concernés