Un mardi matin pas comme les autres au carrefour des rues de Bourgogne et Saint-Simon. Depuis la veille, une zone de travaux a été établie sur la moitié du carrefour qui jouxte une station essence, un loueur de véhicules et le technicentre SNCF Lyon-Vaise.
Pour préparer l’aménagement de la Voie lyonnaise 4, qui traversera la métropole depuis les Monts-d’Or à Villeurbanne, la Métropole de Lyon engage la réfection du carrefour avec de gros moyens. En cause : la présence d’amiante dans la chaussée. « Nous avons sur ce carrefour une présence d’amiante dans le bitume. Jusqu’en 1995, elle était potentiellement utilisée dans l’enrobé afin d’améliorer sa solidité et sa résistance à l’abrasion », précise Cédric Terlon, chef d’agence au sein de l’entreprise de BTP Roger Martin, qui dispose d’une équipe dédiée au désamiantage des enrobés bitumeux.
Trois semaines de chantier
Jusqu’au 10 octobre, le carrefour est ainsi en chantier pour permettre aux équipes de l’entreprise de procéder au retrait d’une couche d’enrobé d’une quinzaine de centimètres.
Face au risque que représentent les poussières d’amiante dans l’air ambiant pendant le retrait de l'enrobé, le chantier suppose une organisation millimétrée et ultra-sécurisée. Des barrières de chantier ont été disposées tout autour de la zone en travaux, recouvertes de bâches plastiques pour isoler le site du reste de la voirie. Lors de la phase de rabotage de l’enrobé, des engins dédiés équipés de pulvérisateurs d’eau maintiendront la poussière aux agrégats.
Les compagnons eux, sont protégés au moyen de combinaisons spéciales et de masques respiratoires. « Pour garantir la sécurité des compagnons, des riverains et des passants lors de l’opération de désamiantage, des modes opératoires spécifiques sont établis en fonction de chaque chantier avec des contraintes importantes, ce qui a des conséquences sur le trafic automobile et des services environnants (lignes de bus notamment) », relève-t-il.
À l’issue de ce chantier, et avant qu’un nouvel enrobé ne soit installé, une balayeuse spéciale amiante sera mobilisée pour nettoyer la zone.
Un chantier en deux temps
Sur le carrefour Saint-Simon / Bourgogne, le chantier est organisé en deux phases afin de ne pas couper entièrement la circulation. D’abord, jusqu’au 30 septembre l’intervention portera sur la partie droite du carrefour (du côté de l'accès au Technicentre SNCF) depuis la rue de Bourgogne vers le giratoire de la porte de Vaise.
À partir du 30 septembre, la partie ouest de la chaussée sera impactée par l’emprise du chantier (du côté de la station essence et de la rue Saint-Simon).
Durant le chantier, des travaux de nuit sont prévus le 29 septembre, le 2 et 7 octobre pour limiter au maximum les nuisances sur la circulation automobile dans ce quartier à fort passage.

Une surveillance continue
Pour s'assurer de la sécurité du quartier et des personnels, des mesures d'empoussièrement de l'air sont effectuées régulièrement sur les opérateurs et dans l’environnement proche du chantier afin de vérifier que l'empoussièrement ne dépasse pas le seuil de cinq fibres par litre d'air fixé par le code de la santé publique.
Une fois la couche d’enrobé retirée, les gravats sont considérés comme des déchets dangereux. Suit alors une procédure règlementée pour la gestion de leur fin de vie. Ils sont déposés dans des bennes dotées de grands emballages en plastique totalement étanches, qui seront transférés sur un des deux sites d’enfouissement à proximité, en Côte-d’Or ou dans l’Allier.
« Il n’existe aujourd’hui aucune manière de recycler ce type de déchets. Ils sont enfouis dans des alvéoles de stockage spécifiques conçues pour l’amiante et sont ensuite recouverts de matériaux inertes comme de la terre », précise Cédric Terlon.
Afin de limiter les transferts de poussières du site à l’extérieur de la zone, les hommes et les matériels sont nettoyés avec précaution afin de pouvoir accéder à l’extérieur du chantier. Une zone de lavage des véhicules est installée tout comme la mise en place d'une unité mobile de décontamination pour les compagnons.
Pourquoi de l'amiante ?
Comment sait-on qu’il y a de l’amiante ?
Avant toute intervention sur une voirie, la Métropole de Lyon mandate un laboratoire pour faire des carottages dans la structure de la chaussée et analyser par épaisseur d’enrobé la présence d’amiante. Des analyses complémentaires sont ensuite réalisées pour vérifier les premiers résultats et délimiter la zone à traiter.
Ce type de travaux est-il fréquent ?
Sur une année 2025 avec d'importants travaux engagés, l’entreprise Roger Martin, qui détient le marché d'encapsulage et de retrait d'amiante, a réalisé cinq à six opérations sur le territoire de la métropole de Lyon. Ce type de travaux, plus couteux et contraignant, est engagé uniquement lorsqu’il y a un projet d’aménagement urbain qui nécessite la reprise de l’enrobé en voirie.