Depuis dix ans, les jeunes sont de plus en plus nombreux à découvrir leur séropositivité. En effet, d’après les dernières données publiées par Santé publique France, entre 2014 et 2023, les diagnostics ont progressé de 41 % chez les 15-24 ans. Une augmentation qui montre l’importance de la prévention à destination de ces publics particulièrement et de l’accès gratuit aux préservatifs et au dépistage.
À ce titre, sur les territoires, les centres de santé et d’éducation sexuelle jouent un rôle clé. En effet, lieux d’information, d’écoute et de consultation, ces centres, gratuits pour les personnes mineures et les personnes qui n’ont pas d’assurance médicale, accueillent tout le monde.
Combattre les idées reçues
Depuis le 1er janvier 2022, le dispositif VIH-test a été généralisé : il permet à tous les assurés sociaux majeurs d’aller directement en laboratoire sans ordonnance pour réaliser un dépistage sans avance de frais. « Si on ne fait pas les prises de sang et les dépistages au CSES, notre mission est aussi d’aller parler de dépistage et de faire de la prévention sur les IST et la santé sexuelle dans les établissements scolaires », explique Amandine Andrin, conseillère conjugale et familiale au CSES de Saint-Priest.
En effet, en plus des prestations médicales et du conseil conjugal, les CSES assurent également des actions de prévention et d’information collectives auprès des jeunes en établissements scolaires et auprès des adultes en situation de handicap ou de précarité.
Et chaque année, à l’approche du 1er décembre, un sondage sur les idées reçues autour du sida montre que ces actions d’information sont plus que jamais nécessaires. « Les idées reçues et méconnaissances vont toucher tous les sujets de la santé sexuelle et du corps. Aujourd’hui, on a un accès aux connaissances qui est énorme. Il y a plein de possibilités de s’informer, beaucoup plus qu’avant, mais il y a un tabou et une barrière psychologique qui persistent pour les adapter à la vie réelle », souligne le Dr Anne-Sylvie Tardieu, gynécologue au CSES de Saint-Priest.
Les chiffres montrent aussi une baisse de l’utilisation du préservatif chez les jeunes. Là encore, un travail de sensibilisation est nécessaire. « On voit bien que le préservatif n’est plus aussi systématique qu’avant. Il y a plein d’idées reçues sur son utilisation, beaucoup de craintes ou de non-envie de l’utiliser parce que ce serait moins agréable, moins sensible », explique Amandine Andrin. L’occasion de rappeler qu’au CSES de Saint-Priest, comme dans tous les CSES, le préservatif est en accès libre. Depuis le 1er janvier 2023, tous les jeunes de moins de 26 ans peuvent aussi avoir accès à des préservatifs gratuits en pharmacie sans ordonnance.
Le dépistage avant tout
En cette journée du 1er décembre, le message clé reste celui du dépistage. « Il existe plein de possibilités aujourd’hui. Il ne faut vraiment pas hésiter à venir se faire dépister avec son partenaire, à rencontrer des professionnels », encourage Amandine Andrin.
Et si les CSES sont aussi là pour accompagner et orienter les personnes porteuses du VIH, le dépistage reste la première étape. « Avec l’avènement des traitements pour le VIH, il fait moins peur, on peut vivre, avoir une vie quasiment normale en étant personne porteuse du VIH et en ayant un traitement bien conduit. Mais pour avoir accès à un traitement adapté, il faut avoir été dépisté. Le dépistage reste très important pour permettre d’accéder aux soins et de vivre le plus normalement possible », ajoute le Dr Tardieu.
Et quelle que soit la raison première de pousser la porte d’un CSES, la pluralité des professionnels présents dans les centres permet d’avoir accès à une prise en charge globale. Ici, à Saint-Priest, l’équipe se compose d’une secrétaire médico-sociale, de deux conseillères conjugales et familiales, d’une gynécologue médicale et obstétrique, d’une psychologue, d’une sage-femme et d’une chargée de prévention. « Venir faire un dépistage ici, c’est avoir accès à d’autres professionnels pour aborder d’autres sujets », conclut Amandine Andrin.