Rapprocher les producteurs des habitants
Imaginez un sous-sol d’où sort chaque semaine près de 500 kilos de champignons comestibles : pleurotes, shiitakés et champignons de Paris. Bienvenue à la Tanière des gones, installée dans un garage désaffecté de l’avenue Paul-Santy (Lyon8). Cet ancien parking souterrain de 1 600 mètres carrés s’est transformé en une champignonnière urbaine, opérée par Cycloponics, spécialiste de l’agriculture urbaine en souterrain.
De la rue, impossible de deviner ce qui se trame en sous-sol. Il faut emprunter une voie d’accès, cachée au fond d’une allée, franchir un lourd portail pour découvrir l’envers du décor. Sept salles de cultures aménagées où le changement d’atmosphère est frappant : l’odeur d’humus emplit l’air, le taux d’humidité oscille entre 80 et 95 %, la température et l’air sont contrôlés. Des conditions adaptées pour que les ballotins de substrats au mycélium, produits non loin de Lyon, laissent place à des champignons qui grossiront pendant quelques jours avant d’être récoltés, un à un, à la main.
« Notre production locale est vendue à trois grossistes qui approvisionnent épiceries et restaurants de la région. Plus un produit est cultivé à proximité, plus il sera frais », affirme Benjamin Regnier, responsable du site.
Cette initiative n’est pas unique. Elle va de pair avec les fermes urbaines qu’exploite déjà l’entreprise à Paris et Bordeaux depuis 2022. Une autre ouvrira dans quelques mois au Tonkin à Villeurbanne. Surtout, elle s’inscrit dans un cadre plus large de renouvellement urbain au sein des quartiers Langlet-Santy et Mermoz à travers l’expérimentation Quartiers fertiles.
Porté par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et soutenu par la Métropole et la Ville de Lyon, ce test grandeur nature accompagne plusieurs projets en lien avec l’agriculture urbaine et l’alimentation. « L’agriculture urbaine n’est pas une solution miracle mais un premier pas dans la bonne direction vers une indépendance alimentaire et en faveur de la réhabilitation de lieux abandonnés en ville », souligne Benjamin Regnier.
Toute proche, la Maison engagée et solidaire de l’alimentation (Mesa) crée du lien entre habitants autour d’une alimentation saine à des prix accessibles. D’autres initiatives se côtoient comme la plateforme de lombricompostage Eisenia ou encore l’espace agricole partagé entre habitants, appelé Champ de patates. « Quartiers fertiles est un projet mixte mêlant alimentation et agriculture solidaire dans l’espace public pour sensibiliser à la démocratie alimentaire », note Chloé Soussan, cheffe de projet à la Ville de Lyon. L’occasion de partager le retour de la nature en ville.
En chiffres
- 500 kg de champignons bio produits par semaine
- 1 600 mètres carrés de parking désaffecté