Cet article a été initialement publié le 29 janvier 2024
La vieille porte en bois de l’entrée de la ferme fait face à un skatepark et à un terrain de basket. Non loin, la silhouette des immeubles se découpe au-dessus du poulailler. « On est à la campagne même si on est à la ville », résume Louis-Pierre Perraud, ex-propriétaire de cette ferme installée sur le plateau de Saint-Rambert, connue depuis longtemps comme la toute dernière à Lyon.
Pendant 40 ans, c’est lui qui a labouré, cultivé, récolté et vendu des tonnes de choux, carottes, poireaux, pommes, poires, cerises (et plus encore) sur les marchés des alentours ou directement à la ferme. Alors que l’heure de la retraite a sonné, il a enfin trouvé à qui confier les clés de l’exploitation agricole à cheval sur Lyon 9 et Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, fondée par ses arrière-grands-parents en 1896.
Les repreneurs sont une dizaine de membres, dont trois salariés, réunis en une coopérative. Parmi eux, Simon Pascault, ingénieur agronome : « Cette ferme, c’est 125 ans d’histoire. Tout un symbole ! Alors on va tâcher d’être exemplaires pour inspirer les générations futures. »
Tout bio, tout neuf
Pour commencer, l’exploitation se convertit au tout bio : à terme, plus aucun traitement chimique sur les fruits et légumes cultivés ici, qui devraient atterrir bientôt dans les assiettes des cantines et des crèches de Lyon. Ils comptent également cultiver de nouveaux fruits (kiwis, prunes, kakis), se lancer dans l’élevage de cochons et cultiver la vigne pour produire une authentique cuvée lyonnaise. Pour le futur, l’équipe envisage la mise en place d’activités d’agrotourisme, d’accueil scolaire, de formation professionnelle, etc.
En soutien de ce modèle inédit de coopérative agricole en ville, la Métropole contribue au projet à hauteur de 100 000 euros, une participation votée lors du Conseil de la Métropole de ce 29 janvier.
L’alimentation est un bien commun, c’est notre rôle de proposer des débouchés crédibles aux fermiers du territoire
Jérémy Camus,
vice-président à la Politique agricole de la Métropole.
Les communes de Lyon et de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or soutiennent aussi financièrement les repreneurs.
Le retour des cochons
Le porc noir de Bourdeaux est une race originaire de la Drôme, locale et ancienne. Si ancienne, en fait, qu’elle avait même disparu au milieu du 20e siècle, avant d’être recréée tout récemment en Isère grâce à la magie des croisements. Une cinquantaine de cochons de cette espèce sauvée de l’oubli va bientôt gambader au pied des arbres fruitiers de la ferme. Nourris en partie grâce aux déchets végétaux, aptes à la vie en plein-air par tous les temps, ils vont prendre le temps de grandir à l’ombre du verger : 14 mois, contre cinq mois en moyenne dans l’élevage industriel.