Avec JUMP IN TECH, les jeunes femmes prennent leur place dans les métiers du numérique

Chaque été le programme JUMP IN TECH initie pendant un mois des adolescentes aux métiers de l’informatique. Une manière de leur ouvrir le champ des possibles dans ce secteur où elles sont encore trop souvent minoritaires, mais aussi de leur permettre d’acquérir confiance en soi et sens de l’entraide. Reportage.

  • Égalité

C’est le clap de fin pour la promo des Sun Girls. Ce vendredi 1er août, devant leurs familles et toutes celles et ceux qui les ont accompagnés pendant le mois d'initiation, les 15 filles de la promo 2025 de « JUMP IN TECH » achèvent l'initiation intensive par un feu d’artifice tout en restant fidèles à la devise qu’elles ont choisie : Liberté, Égalité, Sororité

Lors de ce Girls Camp de cérémonie de clôture, elles ont imaginé une véritable représentation théâtrale pour mettre en avant tout ce qu’elles ont accompli pendant le mois écoulé. L’histoire d’une quête avec sur la route des méchants à éliminer façon jeux vidéo. Des adversaires qui matérialisent les obstacles qui se dressent face à ces adolescentes qui ont soif d’apprentissage. Une manière de faire passer avec humour quelques messages et de partager les sites, applications, créations graphiques, portfolio, interviews, etc. réalisés pendant le programme. 

Car JUMP IN TECH, c’est un dispositif porté par l’association BECOMTECH dans plusieurs régions de France qui permet à quinze adolescentes entre 14 et 17 ans de s’initier pendant quatre semaines à la programmation et à la communication digitale et de rencontrer des professionnels du secteur. Une manière d’œuvrer pour la mixité dans le secteur de l’information et du numérique où les jeunes femmes sont encore sous représentées (27%).

D’autres comme moi

Du 7 juillet au 1er août, Sirina, Hasini, Amira ou encore Lilou se sont retrouvées dans les locaux du Lyon Ynov Campus pour apprendre à créer un site, une appli, rencontrer des professionnelles aux parcours inspirants, gagner de l’assurance pour présenter un projet à l’oral, etc. Ce sont 15 jeunes filles de cinq collèges et cinq lycées de la métropole qui ont suivi le programme cette année.

Lors de la première semaine, toutes n’arrivent pas avec les mêmes attentes. Certaines ne se destinent pas forcément aux métiers de la tech, mais le programme est « une bonne opportunité d’élargir mes compétences, découvrir les métiers du numérique et m’ouvrir de nouvelles portes », confie Hasini. Lilou de son côté sait qu’elle veut faire de l’informatique, « et l’égalité femmes-hommes c’est aussi quelque chose qui me tient à cœur donc je me suis dit que c’était l’association parfaite des deux ». Sirina aussi a déjà une appétence pour le secteur, au lycée Jean-Paul Sartre de Bron, elle suit une option science de l’ingénieur, « mais je suis la seule fille de mon groupe ». Participer à JUMP IN TECH, c’est donc aussi l’occasion de se rendre compte « que je ne suis pas la seule qui veut faire ça »

Après les premiers jours de l'initiation, les filles sont déjà convaincues. Elles ne tarissent pas d’éloges notamment sur les formatrices Dounia Hullot et Eva Allavena. « Elles nous ont appris plein de choses en peu de temps sans que ce soit fatigant », souligne Amira.  

Je ne pensais pas arriver à coder un site internet et à comprendre ce que je fais et là en une journée, j’ai réussi, je trouve ça exceptionnel.

Hasini

L’ambiance d’entraide dans le groupe participe aussi à rendre l’expérience d’autant plus enrichissante. « Certaines sont plus calées en design, d’autres sur la programmation, on peut demander de l’aide à un peu tout le monde », raconte Lilou. 

Savoir-faire et savoir être

Et savoir travailler en équipe, c’est aussi une compétence que les filles vont développer au cours du JUMP IN TECH, notamment au travers du hackathon. Lors de leur troisième semaine d'initiation, le mardi soir, les filles se voient remettre la problématique pour le hackathon : créer une solution digitale contribuant à favoriser l'apprentissage pour les élèves en difficulté. En équipe, elles ont 48 heures pour plancher sur un projet avant de le présenter devant un jury de quatre personnes le vendredi après-midi. 

Les quatre groupes, les Totally Spies, Shehacks, The Showgirls et The 4a’s se succèdent pour présenter les applis imaginées pendant ces deux jours. Une application pour aider les personnes qui souffrent de dysexécutivité (difficulté à s’organiser), une autre pour encourager la prise de parole en public … Chaque projet mise sur un angle qui lui est propre, mais les filles ont pensé à tout. Au-delà de la conception d’une appli fonctionnelle, elles ont aussi pensé le choix de leur identité visuelle, le design de leurs mascottes, un plan marketing, les publications sur les réseaux sociaux, les goodies, etc. et le storytelling pour pitcher leur idée.

Car au-delà de l’acquisition de compétences techniques, JUMP IN TECH apprend aussi aux adolescentes à gagner en assurance, pour prendre la parole, porter un projet. Et même si le stress se fait sentir au moment de défendre son travail devant le jury, l’évolution des unes et des autres en trois semaines de programme est déjà bien visible. 

Lors de la première semaine, parmi les attentes qu’elle plaçait dans le programme, Sirina confiait justement vouloir « améliorer son éloquence ». La transformation est déjà évidente, stressée ou pas, l’adolescente de 15 ans plutôt discrète de nature ne laisse rien transparaître et apparaît à l’aise pour parler de l’appli Bunny skills. 

Pendant la session de questions-réponses avec les membres du jury, les jeunes filles ne se laissent pas démonter et ont réponse à presque tout. Au moment de débriefer et de remettre les prix, chaque groupe obtiendra un prix différent, Marion Breele, fondatrice de Studio Ponpon et membre du jury souligne justement « la qualité des pitchs et du travail présenté. Nous avons été impressionnés ». 

Un bagage pour la suite

Dans une ambiance moins formelle, la nouvelle assurance des filles se révèlera encore davantage lors de la performance théâtralisée de fin de programme. Un peu d’improvisation et une bonne humeur caractérisée viennent conclure un mois d'initiation dont chacune gardera un souvenir mémorable. Qu’elles les destinent aux métiers de la tech ou à d’autres secteurs, les compétences acquises pendant ce mois de juillet leur serviront pendant longtemps. « Ça me donne envie de persister et de continuer encore plus dans cette voie », souligne Sirina. 

Et ça tombe bien puisque l’histoire ne s’arrête pas ici. En ayant fait partie du programme, les 15 adolescentes rejoignent ensuite la communauté des Ambassadrices BECOMTECH, un programme sur le temps long pour poursuivre leur engagement en faveur de la mixité du numérique. L’intégration d’un réseau précieux pour la suite, mais aussi une manière d’inspirer à leur tour les participantes de demain.

« Un collectif de 700 filles qui s’entraident »


Après leur participation à JUMP IN TECH, les adolescentes rejoignent ensuite la communauté des Ambassadrices BECOMTECH, un programme sur le temps long pour poursuivre leur engagement en faveur de la mixité du numérique. À elles de s’en saisir ou non, à l’image de Dounia Hullot aujourd’hui formatrice pour les nouvelles promotions.

Quand avez-vous participé à JUMP IN TECH ? 

Dounia Hullot : J’en ai fait partie en 2019. J’avais 15 ans à l’époque et j’étais en 1re. Ma mère a vu un encart dans un journal dans le métro. Elle savait que je voulais m’orienter dans l’informatique et comme on ne partait pas en vacances elle m’a inscrit. L’informatique, c’était mon truc, mais j’étais très timide à l’époque, je faisais beaucoup d’anxiété sociale. 

Que vous a apporté le programme à l’époque ? 

D.H. : Ça m’a apporté un premier bagage dans le domaine informatique, je me sentais plus confiante pour me lancer. Et surtout, ça m’a fait du bien d’être dans un collectif féminin et de réussir à m’exprimer sans qu’on ne me juge. C’était la première fois que je ressentais ça de toute ma vie. Et ça se poursuit avec le réseau d’Ambassadrices, on fait partie d’un collectif de 700 filles bienveillantes qui s’entraident. 

En quoi consiste votre rôle d’ambassadrice ? 

D.H. : J’ai effectué des prises de parole, dans les écoles, sur des salons etc. pour présenter BECOMTECH. Depuis 2023, je suis aussi formatrice. On m’a motivé et fait comprendre que j’étais légitime pour prendre ce rôle-là. C'est une volonté de BECOMTECH d'être une organisation en gouvernance partagée afin de donner plus de pouvoir d'agir aux Ambassadrices dans les différents types de projets menés par l'association.
 

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