Des fleurs au mur, un berceau, une table à langer, une chaise haute ou encore des jouets en bois au sol… Cette chambre de l’hôpital de la Croix-Rousse ne ressemble pas aux autres de l’établissement. Et pour cause, depuis décembre dernier, la salle Madeleine Brès, située sur le toit de l’hôpital, fait office de chambre pédagogique pour sensibiliser les parents aux polluants du quotidien qui impactent la santé de leur enfant.
La salle qui sert pour les séances de préparation à l’accouchement a donc été aménagée comme une chambre d’enfant témoin pour pouvoir amorcer la discussion sur ces polluants auxquels on peut être exposés dans sa maison. « Pour les choix de matières au sol et aux murs, les colles, les peintures, on a fait attention à choisir des produits sans polluants. Et pour le mobilier, ce sont des dons que nous avons restaurés. Pour montrer aussi que c’est possible d’avoir quelque chose de sympa sans que ça coûte trop cher », explique le Dr Claire-Marie Loys, pédiatre à l’hôpital de la Croix-Rousse et porteuse du projet.
Petits gestes pour gros impact

Le projet, ce sont des ateliers pratiques et théoriques, animés par des sages-femmes (hospitalières et libérales), infirmières de PMI et infirmières et pédiatres du service de réanimation et médecine néonatales. Ils rentrent dans le cadre des cours de préparation à l’accouchement et sont dédiés à l’éducation des futurs et jeunes parents sur les enjeux de santé environnementale.
« L’idée a germé dans ma tête en 2018 et après le Covid, je me suis formée en santé environnementale pour faire murir le projet. Quand j’ai été prête, il se trouve que justement, il y avait l’appel à projets de l’Agence régionale de santé « Perturbateurs endocriniens et établissements de santé » », précise-t-elle. Lauréate de l’appel à projets, la chambre pédagogique a pu bénéficier d’une enveloppe de 44 000 euros.
Les ateliers peuvent accueillir jusqu’à six patientes et quatre créneaux par mois sont disponibles. « Nous ciblons les femmes enceintes et les bébés, car c’est aussi un moment où nous avons accès à une population en bonne santé qui ne va pas voir les médecins », souligne le Dr Loys.
Ce matin-là, Blandine Balleyguier va pouvoir profiter des conseils prodigués par le Dr Loys pour elle toute seule. Enceinte de son premier enfant, Blandine est suivie pour sa grossesse à l’hôpital de la Croix-Rousse. La somme d’informations et de conseils à intégrer pendant une grossesse peut déjà paraître accablante, l’objectif n’est pas d’assommer les participants. Le Dr Loys entame donc l’atelier d’une heure en essayant de dédramatiser la situation. « On ne vous demande pas de gravir des grosses marches, mais de mettre en place des petites choses qui vous permettront d’aller plus loin et plus haut. Il y a déjà des petits gestes qui peuvent permettre de vraiment limiter vos expositions. »
Orienter vers la bonne information

Air intérieur, activités de bricolage pour l’aménagement de la chambre de bébé, meubles neufs qui libèrent des polluants, alimentation, cuisson, textiles, couches, produits d’hygiène. Tous les sujets y passent. Le Dr Loys lui apprend à repérer les labels de confiance qui orientent vers des produits sains, elle s’appuie sur les fiches pratiques de WECF (women engage for common future), de Santé publique France, des affiches sur les fruits et légumes de saison, etc.
« Les informations existent, mais ne sont pas évidentes à trouver. Donc nous avons fait un gros travail de récupération de données. On donne des sites de confiance vers lesquels se tourner. On plante des graines et ensuite, les patientes savent où retrouver les informations si elles le souhaitent », souligne le Dr Loys.
Nous avons aussi voulu ce projet à l’hôpital pour montrer que nous sommes dans un discours scientifique. C’est notre rôle de faire de la promotion de la santé.
Dr Claire-Marie Loys,
Porteuse du projet de chambre pédagogique
Informer sans culpabiliser
Est-ce qu’il y a besoin de nettoyer la maison avec du désinfectant, est-ce que je dois mettre de la crème solaire à mon bébé, si je congèle les aliments est-ce qu’ils perdent leur propriété, on m’a dit qu’il fallait que je mange moins de soja … Si Blandine est plutôt discrète et à l’écoute pendant l’atelier, elle a malgré tout pas mal de questions. Encore une fois, le Dr Loys tente de tenir un discours déculpabilisant. « Vous ne pourrez pas tout éviter. On fait comme on peut. On ne viendra pas dans votre maison pour voir ce que vous allez faire ». À la sortie de l’atelier Blandine, est satisfaite. « Ca m’a permis de confirmer des choses », explique-t-elle.
« Je me prends en exemple en citant les choses que j’ai ratées moi-même. Déjà, si elle repart en se disant, j’aère ma maison deux fois par jour et j’essaie de remplacer le plastique par du verre, on aura un impact important dans la population. »
Perturbateurs endocriniens : comment lutter ?
La Métropole de Lyon s’engage contre les perturbateurs endocriniens. En 2021, elle a signé la charte "Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens", portée par le Réseau environnement santé. Ce texte, signé également par 25 communes du territoire, vise à promouvoir des pratiques plus respectueuses pour la santé et l’environnement : suppression des produits phytosanitaires, promotion d’une alimentation saine, de saison et locale, actions de prévention sur le terrain.