Un Vétobus solidaire pour soigner les animaux des personnes sans-abri

Les étudiants du dispensaire vétérinaire étudiant de Lyon soignent les animaux de compagnie des personnes sans-abri au sein du Balto, un camion aménagé. Un dispositif soutenu par la Métropole de Lyon qui permet de retisser du lien social.

  • Solidarité

Pour sa consultation, Boruto arrive sur le dos de son propriétaire Michel. Avec son collier rouge, le chat de huit mois a fière allure et ne semble pas intimidé par le comité d’accueil. Il attend son tour et la fin des soins pour la petite chienne Alba pour être reçu au sein de Balto.

Le Balto, c’est un camion de médecine vétérinaire solidaire qui sillonne différents foyers de la métropole de Lyon depuis 2022. À son bord notamment, des étudiants du dispensaire vétérinaire étudiant (DVEL) de VetAgro Sup, l’école située à Marcy-l'Étoile. Imaginé par Ana Alkan dans le cadre de sa thèse pendant ses études vétérinaires, le projet permet de prendre en charge les animaux des personnes sans-abri. Si cet objectif est déjà celui du dispensaire vétérinaire, association qui existe depuis 2007, Balto est un outil supplémentaire pour permettre d’aller au-devant des personnes, de retisser du lien social et en se projetant plus facilement vers leurs lieux d’hébergement. Un travailleur social des structures où le Balto est stationné accompagne également les étudiants lors de ces permanences. Les étudiants sortent avec le camion tous les jeudis et vendredis et alternent entre différents lieux de la métropole.

Médecine préventive

Ce vendredi, le Balto est stationné à la Maison Rodolphe dans le 8e arrondissement, lieu d’accueil et d’hébergement qui a pour particularité d’avoir 19 places pour les personnes avec leurs animaux. Michel est donc actuellement logé ici avec Boruto, mais aussi Nina, une staffie de deux ans et Newton son berger allemand. Tous les trois seront reçus cet après-midi par les étudiants vétérinaires. Aujourd’hui, Lisa, Garance, Margot, Héloïse et Antonny sont présents. Ils sont accompagnés par leur professeur Étienne Benoît. Pendant toute l’après-midi, ils vont prodiguer des soins de médecine vétérinaire préventive : identification, vaccination, prescription d’antiparasitaire, conseils de nutrition.

« On peut éventuellement faire un peu de bobologie mais pas de chirurgie » explique Antonny, président du DVEL et étudiant de 4e année. Chaque animal qui est vu par le dispensaire est ou sera identifié. « Cela permet d’avoir un suivi et pour les personnes qui vivent dans la rue, c’est vraiment bien notamment si l’animal est perdu et saisi par la fourrière, il n’est pas reconnu comme inconnu ».

Sur chaque consultation solidaire, cinq étudiants sont présents, dont deux du DVEL notamment pour s’occuper de l’administratif et rentrer les données dans un logiciel pour le suivi. « Le but, c’est que tous les étudiants fassent de tout : un qui réalise l’examen clinique, un qui pose les questions au propriétaire etc », détaille Lisa, vice-présidente du DVEL.

Sur les conseils de son propriétaire, Margot et Héloïse ont donc enfilé des gants et s’y mettent à deux pour effectuer la vaccination de Boruto. « Il aime pas du tout les vaccins », précise Michel, qui reste donc auprès de son animal pour le tranquilliser. Mais finalement, la piqûre passe comme une lettre à la poste. Michel n’est pas avare d’anecdotes sur ces trois compagnons à quatre pattes et sa drôle de petite famille. « J’ai un chien qui se prend pour un chat et un chat qui se prend pour un chien », plaisante-t-il. Il raconte notamment comment pour son anniversaire son berger allemand Newton a eu le droit à un bœuf bourguignon maison, « sans compter tous les cadeaux ». « Ils le méritent, ils nous le rendent bien », souligne-t-il à propos de son attachement à ses animaux.

Remettre l’humain au cœur

Ce lien avec leurs animaux, c’est aussi ce qui permet d’accéder à l’humain. « Pour les personnes en situation de précarité, leurs animaux, c’est parfois la chose la plus précieuse pour eux. Comme on aide leurs animaux, ils vont s’ouvrir plus facilement à nous », confie Lisa. Au-delà des traitements prodigués à l’animal, c’est en effet un vrai échange qui s’installe pendant toute l’après-midi.

Les consultations à bord du Balto sont aussi propices à la discussion. Le DVEL effectue aussi des maraudes, avec les Camions du cœur à Villeurbanne ou avec l’association Gamelles Pleines, pour distribuer des croquettes, « mais en maraude, on ne voit pas les animaux », explique Antonny.

Car remettre l’humain au cœur de la consultation, c’est tout l’objet de ce dispositif et aussi un rappel important et parfois nécessaire pour les étudiants vétérinaires. « C’est primordial de rappeler aux étudiants qu’on s’adresse à l’humain derrière l’animal. On ne peut pas faire ce métier en ne s’adressant jamais au propriétaire », souligne le Pr Benoît. « C’est aussi un type de clientèle qu’on ne va pas vraiment rencontrer en clinique. Et cela nous apprend également à adapter notre vocabulaire à la personne en face de nous », ajoute Lisa.

Un dispositif de médecine solidaire, essentiel pour les personnes à qui il s’adresse, mais aussi riche d’enseignements pour les étudiants qui s’y impliquent.

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