Orchestre Démos : la musique pour élargir l’horizon

[RETRO 2024] Depuis 2017, le projet Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) permet à des enfants de sept à onze ans, venus de quartiers populaires, d’apprendre à jouer d’un instrument de musique. Le dispositif est piloté par l’Auditorium-orchestre national de Lyon et soutenu par la Métropole de Lyon.

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Cet article a été initialement publié le 11 novembre 2024

Alors que la nuit tombe sur le théâtre antique de Fourvière, le concert se termine et le public applaudit à tout rompre. Sur la scène, les jeunes musiciens rayonnent de joie et de fierté. Dans quelques jours, ils iront à Paris pour une représentation à la Philharmonie. Pour arriver là, il aura fallu de la patience, de la rigueur et une bonne dose de ténacité. Il y a trois ans, la plupart de ces enfants n’avaient jamais touché un instrument de musique.

Apprendre la musique autrement

Car c’est toute l’originalité du projet Démos  : amener vers la musique classique des enfants qui n’auraient sans doute pas osé pousser la porte de l’école de musique de leur quartier. En rejoignant le dispositif, ils suivent entre trois et quatre heures de cours par semaine, réunis en groupe d’une quinzaine de participants. Deux ou trois musiciens assurent la formation musicale, accompagnés d’un chanteur ou d’un danseur, ainsi que d’un travailleur social.

« La façon d’apprendre est basée sur l’oralité, c’est une pédagogie ludique, avec de la danse, du chant et des jeux. C’est un enseignement très différent qui oblige à réinventer ce qu’on fait  », note Estelle Huet, violoncelliste et intervenante pour Démos depuis cinq ans.

Vincent Falque, musicien à l’Orchestre national de Lyon, plus habitué des leçons individuelles au conservatoire a dû, lui aussi, s’adapter  : « Au début, il a fallu canaliser les enfants en leur disant que la musique passait par l’écoute. Au fil du temps, on a vu beaucoup d’émulation collective. ».

Apprivoiser son instrument

Les enfants se retrouvent toutes les six semaines pour répéter en grand orchestre. Chacun se voit confier gratuitement un instrument. Évidemment, les débuts ne sont pas faciles. « Je ne savais pas comment placer mes mains sur l’archet, je ne savais même pas ce qu’étaient les notes », se souvient Aya qui a appris à jouer du violoncelle à Bron. « Moi je n’arrivais pas à souffler », s’amuse Elfahem, trompettiste en herbe de Vaulx-en-Velin. « J’étais perdue mais maintenant mon alto est trop précieux pour moi », sourit Nour de Bron.

La musique classique ne sera plus une langue étrangère pour eux.

Vincent Falque,
violoncelliste de l’Orchestre national de Lyon.

Si l’aventure s’achève pour Aya, Nour, Elfahem et les autres, un nouveau cycle s’ouvre. Cet automne, 160 enfants de CE1 et CE2 vont intégrer le dispositif pour les trois années à venir. « Trois ans de leur vie, c’est énorme, ça restera gravé à jamais en eux, se réjouit Vincent Falque, la musique classique ne sera plus une langue étrangère. » D’ailleurs, plus de la moitié des enfants ont gardé leur instrument pour intégrer une école de musique cette rentrée. D’autres se tourneront peut-être vers des disciplines artistiques comme la danse ou le dessin.

« J’ai vu des enfants vaincre leur timidité, apprivoiser leur corps ou nouer de très belles amitiés, ça aussi c’est important à leur âge », souligne Estelle Huet qui veut également retenir la dimension sociale du projet. Les deux intervenants musiciens ont d’ailleurs décidé de poursuivre l’aventure. « Quand les parents me disent qu’ils ont vu leurs enfants se transformer, le pari est gagné », conclut Vincent Falque.

Soutenir la pratique artistique sur tout le territoire

La Métropole de Lyon soutient financièrement le dispositif Démos aux côtés de la Philharmonie de Paris (qui initie et coordonne le projet depuis 2010), la Caf (Caisse d'allocations familiale) et la Préfecture du Rhône. Il s’adresse à des enfants issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Huit communes de la métropole lyonnaise participent : Bron, Décines-Charpieu, Grigny, Lyon,Saint-Fons, Saint-Genis-Laval, Vaulx-en-Velin et Villeurbanne.

Dans le cadre du Schéma métropolitain des enseignements artistiques 2023-2027, la Métropole de Lyon est présente dans le financement de 76 conservatoires et écoles de musique, danse, théâtre, cirque et arts plastiques du territoire pour un budget global de six millions d’euros.

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Dernière mise à jour le 23 juin 2025
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