La rencontre de deux mondes pour prendre en charge les addictions

Aller à la rencontre des publics les plus exposés est un élément essentiel pour mieux prendre en charge et de manière plus adaptée les addictions. C’est dans cette démarche d’ « aller vers » que s’inscrit le projet AMéLyon (Addictologie Métropole de Lyon). À ce titre, un dispositif d’appui en addictologie a été mis en place directement dans certaines Maisons de la Métropole de Lyon du territoire. Explications

  • Santé

Depuis septembre 2023, dans le cadre d'AMéLyon, Gabrielle Fabry, infirmière diplômée d’État (IDE), intervient dans cinq Maisons de la Métropole de Lyon (MDML) de l’est du territoire : à Bron, Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Villeurbanne et Lyon 8.

L’idée est de transposer le modèle des ELSA (Equipes de Liaison et de Soins en Addictologie) qui existent à l’hôpital et qui viennent en soutien des différents services.

« La mission des ELSA est de diffuser la culture addictologique au sein du milieu hospitalier et d’avoir des missions de soin en appui. L’idée est la même, mais au sein des MDML », explique le Dr Véronique Fonteille, médecin addictologue, cheffe de service adjointe au service universitaire d’addictologie de Lyon (SUAL) et qui porte le projet AMéLyon pour les HCL.

« Le fait que des spécialistes en addictologie viennent chez nous, c’est une plus-value et le côté innovant du projet », ajoute le Dr Marie-Alice Bayle-Dufetelle, cheffe de service épidémiologie et promotion de la santé et directrice adjointe à la direction santé PMI de la Métropole de Lyon.

Orienter plus facilement

Gabrielle Fabry est donc présente physiquement une demi-journée par semaine sur chacune des cinq MDML pour des consultations avec ou sans rendez-vous. Une permanence téléphonique a aussi été mise en place avec un numéro dédié. Une fiche de liaison SISRA et une boîte mail générique permettent également de la contacter.

Les professionnels des PMI (protection maternelle infantile), CSES (centre de santé et d'éducation sexuelles) et de l’ASE (aide sociale à l'enfance) peuvent donc solliciter l’infirmière ou le Dr Fonteille pour échanger sur des situations, recevoir les usagers, etc.

« AMéLyon nous permet une orientation simplifiée et une coordination pluridisciplinaire », explique Valérie Andres, sage-femme de PMI à la MDML de Lyon 8e. Elle-même a suivi la formation proposée dans le cadre d’AMéLyon et est professionnelle ressource sur le territoire.

« Même les professionnels et les usagers qui ne sont pas dans une des cinq MDML où j’interviens, peuvent orienter vers moi. Parfois, sur ces sujets, les usagers préfèrent même ne pas venir là où ils sont suivis habituellement », précise Gabrielle Fabry.

La professionnelle va les recevoir pour une évaluation de la situation et proposer la prise en charge et l’orientation la plus adaptée en addictologie, en lien avec le médecin.

« La femme enceinte qui vient consulter peut ne pas se sentir malade, elle ne s’adresse pas forcément aux professionnels d’addicto, souligne Valérie Andres.

Les formations nous aident à aborder de façon plus fluide et sereine le sujet de consommation. AMéLYON nous permet une orientation simplifiée et une coordination pluridisciplinaire

Valérie Andrès,

sage-femme de PMI à la MDML de Lyon 8e

Des regards différents mais complémentaires

Lors de l’entretien prénatal, la sage-femme peut évoquer le sujet des addictions avec les patientes, répondre à leurs questions et les laisser se saisir de l’information pour revenir vers elle ou Gabrielle. « La prise de conscience sans être culpabilisante va aussi parfois permettre aux parents de trouver leurs propres solutions », ajoute la sage-femme.

Gabrielle Fabry, intervient aussi en salle d’attente pour parler avec les usagers. Outre les entretiens individuels, elle travaille aussi avec les structures pour mettre en place des actions de prévention, créer des affichages, des flyers, des outils dont patients et professionnels peuvent se saisir sur certains sujets. Le tabagisme passif par exemple. Des groupes d’information et d’échanges, gratuits et anonymes, sont aussi mis en place pour les usagers et leur entourage.

De la même manière, Gabrielle Fabry ou le Dr Véronique Fonteille peuvent aussi être mobilisée par les professionnels de l’ASE.

La richesse du projet, c’est aussi cette transversalité et la rencontre de deux mondes, celui de la prévention et du soin, et deux points de vue différents mais complémentaires.

Avec ce partage de différentes postures et depuis qu’on travaille conjointement, nos deux univers ont bougé ensemble

Dr Marie-Alice Bayle-Dufetelle,

cheffe de service épidémiologie et promotion de la santé et directrice adjointe à la direction santé PMI de la Métropole de Lyon
 

« Nous avons une double approche avec Gabrielle, de la femme enceinte et de l’environnement dans lequel elle vit », note Valérie Andrès. « Nous n’avons pas le même patient au départ et moi, je ne fais pas de périnatalité, explique Gabrielle Fabry. C’est enrichissant de changer les pratiques et d’avoir deux regards différents sur une situation. Il n’y a pas une personne qui a raison, une qui a tort ».

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