Au premier plan, une foreuse réalise des carottages du sol, dans le fond, à quelques centaines de mètres, l’imposante usine Arkema. Pendant deux jours, des chercheurs de l’Institut écocitoyen de Fos-sur-Mer sont venus réaliser des prélèvements au stade du Brotillon d'Oullins-Pierre-Bénite. « Nous sommes ici dans ce qu’on appelle une zone source, avec une concentration importante de Pfas du fait de l’activité industrielle. Notre étude doit permettre de comprendre comment ces polluants se comportent dans l’environnement et comment ils se transfèrent vers les végétaux, mais aussi vers l’air et la nappe phréatique », explique Annabelle Austruy, responsable des milieux terrestres et écotoxicité à l’Institut écocitoyen.
Plusieurs études en cours
Avec l’aide d’une foreuse donc, ils ont pu atteindre cinq mètres de profondeur, jusqu’aux alluvions du Rhône qui coule à proximité. Tous ces éléments seront ensuite analysés par le Laboratoire de chimie et de l'environnement (LCE) de l’Université d’Aix-Marseille. L'institut Méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (IMBE) et le bureau d’étude ABO/ERG constituent le reste du consortium qui mène cette étude. Les résultats sont attendus à l’automne prochain. « Outre ces analyses qui nous seront très utiles pour comprendre cette pollution, notre rôle est de protéger la population, en stoppant cette pollution à la source et en assurant la distribution d’une eau de qualité. Mais il faut que les industriels s’impliquent, car les collectivités et les habitants ne doivent pas être les seuls à payer la facture », avance Pierre Athanaze, vice-président en charge de l’Environnement.
En parallèle, une seconde étude portant sur l’imprégnation des populations est en préparation. Dès 2023, les habitants vivant à proximité de la plateforme industrielle ou buvant l’eau potable de la zone ont été sollicités. La phase opérationnelle, notamment les prélèvements sanguins et les questionnaires épidémiologiques, n’a pas encore démarré, tous les financements n’étant pas encore réunis.
Enfin, une troisième étude consacrée à l’exposition professionnelle a, elle, débuté en avril. Elle concerne les salariés et les retraités de l’industrie chimique.
Enquête judiciaire en cours
En 2024, la Métropole de Lyon, Eau publique du Grand Lyon et le Syndicat mixte d’eau potable Rhône-Sud ont assigné en justice Arkema et Daikin pour établir leur responsabilité dans cette pollution. Trois experts indépendants ont été désignés par le tribunal judiciaire et ont débuté leur enquête qui durera plusieurs mois.