Coup de filet sur nos déchets !

La Métropole de Lyon mène une expérimentation avec des chercheurs : des filets pour attraper les déchets vont être installés. Explications

  • Déchet

On le sait tous, le meilleur déchet est celui qui n'existe pas, par exemple l'emballage qu'on aura remplacé par un contenant réutilisable. Mais notre mode de vie ne nous permet pas toujours d'être aussi vertueux qu'on le voudrait et des déchets, on va en produire. Et parfois malgré nos efforts, ceux-ci finissent par flotter dans la mer, polluant faune et flore.

Pollution en mer : comment agir sur terre ?

On parle beaucoup de ce sujet et pour cause : la Métropole de Lyon prend en charge non seulement la collecte des déchets, le nettoiement des espaces publics mais aussi la gestion totale du cycle de l'eau. De la chaussée aux stations d'épuration, les déchets, on connaît !

La sensibilisation, ça fonctionne. Des campagnes d'affichage, des ramassages participatifs, des panneaux d'information jusqu'aux macarons "Ici commence le fleuve - ne rien jeter" apposés sur la chaussée : la Métropole de Lyon multiplie les actions pour que tous les habitants, et surtout les plus jeunes, mesurent l'importance de ne pas abandonner ses déchets n'importe où.

Tester, pour mieux collecter

Dans la ville et sur les berges du Rhône et de la Saône, la collecte des poubelles et le passage des agents sont adaptés en fonction de la fréquentation. À la saison des pique-niques et des apéros sur les quais ou lors de grands événements, les tournées sont souvent doublées pour éviter que les déchets ne terminent dans l'eau. Mais parfois ça ne suffit pas.

Des expérimentations sont donc aussi menées, comme l'été dernier au plus près de l'eau. Panneaux et équipes de sensibilisation, poubelles compactrices installées sur les quais, ramassages citoyens… Ces actions sont ensuite analysées pour choisir celles qui sont les plus efficaces.

Attrapez-les tous !

Pour réduire le nombre des macro-déchets (ceux qui mesurent plus de cinq millimètres) qui finissent dans nos rivières, il faut étudier leur chemin. Les incivilités, le vent ça existe. Mais il y a aussi le trajet via les canalisations, quand il pleut. Les déchets sont entraînés avec les eaux pluviales vers les bouches d’égouts depuis le trottoir, les berges, les rues, le pied des poubelles trop remplies… Dans la métropole de Lyon, le système des canalisations est unitaire, c’est-à-dire que les eaux de pluie et les eaux usées empruntent les mêmes tuyaux pour rejoindre les stations d'épuration.

Il n'y a pas de problème quand il pleut "normalement", les stations d'épuration peuvent gérer le flux et retenir certains déchets. Mais en cas de fortes pluies, un système de trop-plein se met en place pour éviter d'endommager ou saturer les infrastructures. L'eau qui déborde par le biais d'un des 430 déversoirs d'orage finit ensuite sa course dans les rivières... et les macro-déchets qu'elle charrie aussi. Et on parle de 100 tonnes de déchets rejetés chaque année dans la métropole de Lyon qui ne seront pas interceptés par les stations d'épuration.  

Poser des filets ?

La Métropole de Lyon mène une expérimentation avec Sylvain Moreira et son équipe du Cerema ainsi qu'avec Gaëlle Darmon, chercheuse indépendante de la CAE Petra Maritima. Des filets de rétention des macro-déchets vont être placés à l'embouchure de plusieurs déversoirs. Ils seront installés en mars 2024 du côté de Rillieux-la-Pape et Sathonay-Camp, sur les ruisseaux des Vosges et du Ravin.

Le principe de cette expérience est de collecter puis analyser les déchets présents dans les filets pour reconstituer leur chemin.

  • Des dispositifs de métrologie (la science de la mesure) vont permettre de savoir à partir de quelle densité ou durée de pluie les filets se remplissent.
  • Les filets sont levés ponctuellement puis pesés. Chaque déchet présent est trié et caractérisé.

Toutes ces données produites sur un temps plutôt long (l'étude est tributaire de la pluviométrie !) vont permettre d'alimenter des modèles qui orienteront la collectivité et les chercheurs et la collectivité vers les meilleures solutions à mettre en place. L'étude est menée jusqu’en 2025.

Opérations de communication ciblées dans un secteur ou un quartier, ramassages participatifs, ajout de poubelles ou une collecte plus fréquente dans certains périmètres, installation temporaire ou définitive de macro-filets : la Métropole de Lyon et les chercheurs font dans la dentelle pour les solutions. Parce que le territoire est vaste et les cours d'eau nombreux !

Pour mieux évaluer les mesures à mettre en œuvre, une meilleure connaissance du comportement des déchets en surface ou dans les réseaux d'eaux usées est nécessaire. La pose de filets munis de capteurs permet d’une part d’estimer la pertinence de la solution et d’autre part de définir les facteurs (humains, environnementaux, météorologiques) qui vont influencer leur dispersion et leurs impacts dans la nature.

Gaëlle Darmon, biologiste - chercheuse indépendante CAE Petra Maritima

Plus d'infos sur les filets

La pose de filets anti-déchets est un système relativement nouveau, surtout pour les agglomérations qui n'ont pas d'accès à la mer ou rivières où l'on se baigne.

Comptez entre 15 000 et 20 000€ pour la fabrication et la pose d'un filet. C'est du sur-mesure car aucun déversoir d'orage ne ressemble à son voisin. Le rail de guidage du filet doit être adapté à chaque fois.

En juin 2023, la Métropole de Lyon a posé neuf filets de rétention dans le cadre de son schéma directeur d’assainissement de la station de Pierre-Bénite : cinq à Caluire-et-cuire, deux à Oullins, un à Francheville et un à Sainte-Foy-lès-Lyon.

Deux de ces filets ont déjà été relevés et pesés : 144kg de déchets ont été récupérés à Francheville et 78kg dans celui de Caluire. La caractérisation des déchets est en cours, c'est une information qui sera précieuse pour la suite.

Des animations dédiées aux fleuves, rivières et Océan

Participez les 13 et 14 janvier à un week-end thématique pour explorer toutes les connexions entre le fleuve, l'Océan…et nous les humains !

Les équipes de la Fondation Tara Océan et de la Maison de l'environnement (Lyon 7) vous proposent des ateliers, expositions et balades fluviales. Ambiance ludique, conviviale et non-anxiogène assurée :-)

Même si les balades fluviales affichent déjà complet, voici une petite sélection d'animations :

  • Samedi 13 janvier de 14h à 16h, Animation « Du robinet à l’océan » pour comprendre le cycle de l’eau urbain et le cycle de l’eau naturel. Avec Naturama à la Maison de l'Environnement
  • Samedi 13 janvier à 14h30, balade commentée sur les bords du Rhône, avec le SMIRIL et les chercheurs Brice Mourier & Raphaël Santos, à Irigny
  • Samedi 13 janvier de 14h à 16h, Atelier poterie fabrication d’oyas, ces pots en argile pour irriguer nos plantes. Avec La Manufacturette à la Maison de l'Environnement
  • Samedi 13 janvier de 13h30 à 18h, Exposition et animation « Plastique en mer, les solutions sont à terre », à la Maison de l'Environnement, avec Fondation TARA Océan et Unis-Cité
  • Samedi 13 janvier de 16h30 à 18h, rencontre avec Wilfried N’Sondé « Un écrivain à bord de la goélette Tara » à la Maison de l'Environnement, avec Cosmos
  • Dimanche 14 janvier, de 16h à 18h : table ronde  « Fleuves, Humains et Océan – Un récit commun » à l'Université de Lyon, Lyon 7.
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