Arêtes de poisson à Lyon, un patrimoine unique au monde

[RETRO 2024] Si les arêtes de poisson creusées au cœur de la colline de la Croix-Rousse demeurent un mystère quant à leur utilité, on sait dorénavant qu'elles datent de l'Antiquité. Parce que l'accès est interdit, une visite virtuelle est désormais possible.

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Cet article a été initialement publié le 10 octobre 2024

Et dire que le mystère demeure. Un peu moins certes, depuis la datation au carbone 14 des fameuses arêtes de poisson. Les recherches ont abouti sur une certitude : ces galeries souterraines, trouvées par hasard par les services de la Ville de Lyon en 1959, datent de l’époque gallo-romaine ; schématiquement, elles représentent une colonne vertébrale et des couloirs parallèles sans issue qui mesurent tous 30 mètres de long.

« Les services archéologiques pensaient au départ que les pierres venaient des Monts d'Or et par déduction que ces galeries étaient assez récentes. Mais c'est en 2010, grâce donc au carbone 14, qu'ils ont réalisé que ce réseau avait 2000 ans. De là ils ont fait de nouvelles recherches pour conclure que les pierres venaient d'une carrière dans le Macônnais », témoigne Nicolas Fischer, surveillant de travaux galeries de captage et arêtes de poisson, pour la Métropole de Lyon.

Plus de 2000 ans d’histoire enterrée donc sous la colline de la Croix-Rousse, avec à l'origine 1 400 mètres de couloirs savamment creusés, 480 mètres de puits carrés qui remontent à la surface, des galeries de pierres en provenance du Mâconnais et, malgré tout des interrogations sur l’utilisation d’un tel patrimoine.

Unique au monde

« La température reste pratiquement la même toute l’année, près de 18 degrés. Les arêtes font plus de deux mètres de hauteur. Si nous n’avons pas de certitude, on pourrait imaginer qu’ils s’en servaient pour stocker des denrées périssables », avance Cyrille Ducourthal, du service archéologique de la Ville de Lyon.

Si ce "gruyère" est fermé au public par un arrêté de la Ville de Lyon, il est pourtant devenu un terrain de jeu nocturne pour les amateurs d’urbex, autrement dit l’exploration urbaine de lieux insolites. Des intrusions qui ne sont pas sans conséquence pour ce décor unique au monde. Afin de réduire cette fréquentation illégale, la Ville de Lyon a d'ailleurs développé une visite virtuelle (voir infos pratiques).

La découverte d’un squelette de soldat romain*

Mars 1950, alors que des terrassiers travaillent à la construction d’un garage, rue des Fantasques dans le 1er arrondissement de Lyon, la colline de la Croix-Rousse n’est que « la colline qui travaille ». Ils ne savent pas encore qu’ils sont sur le point de faire une découverte historique. Lors de travaux de sondages de reconnaissance, les ouvriers mettent au jour, au pied du soutènement de la rue de Magneval et de l’un de ses contreforts, le squelette fragmentaire d’un homme, à 6,50 mètres sous la surface de l’ancien boulodrome. Autour de la dépouille, plusieurs éléments d’une panoplie militaire (dont une épée longue) et une poignée de pièces d’argent qui ont poussé à la conclusion que les objets provenaient de l’équipement d’un soldat mort en 197, lors de la guerre civile qui opposa Clodius Albinus à Septime Sévere. Au moment de cette découverte, les archéologues ne pouvaient en revanche pas savoir que l’orientation des deux maçonneries où a été découvert le squelette coïncidait parfaitement avec celle de l’un des puits du réseau de galeries en arêtes de poisson, alors inconnu.

*Sources, article de Cyrille Ducourthal, Enquête de pouvoir, de Rome à Lugdunum

Informations pratiques

La visite virtuelle des arêtes de poisson

Depuis le 18 septembre, une visite virtuelle des arêtes de poisson est possible en un simple clic. Avec le soutien de la Drac et de la Métropole de Lyon, le service archéologique de la Ville de Lyon a donc développé une immersion en 3D de ce réseau hors du temps pour une durée de 40 minutes.

Faire la visite virtuelle

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Dernière mise à jour le 30 juin 2025
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