Début mai, plusieurs centaines de jeunes issus des classes de 3e des collèges de la Métropole de Lyon se sont rendus sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en Alsace. Ce voyage, organisé par la Métropole en lien avec l'Éducation nationale, permet d'aborder de manière directe les événements tragiques de notre histoire que sont la 2e guerre mondiale et la Shoah.
Struthof et Izieu
Ce devoir de mémoire s'inscrit dans un travail au long cours. Le voyage est préparé avec les professeurs au cours de l'année. À leur retour, les collégiens participants se font les portes-paroles de cette expérience auprès des autres élèves de leur établissement.
Deux voyages ont été organisés cette année par la Métropole de Lyon : près de 200 collégiens ont participé à cette visite à vocation citoyenne, mémorielle et pédagogique. D'autres collégiens ont aussi eu l'occasion de découvrir un autre site de mémoire cette année : le mémorial des enfants d'Izieu, dans l'Ain.
Découverte et recueillement
Durant leur séjour, les jeunes ont visité l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, dont le Mémorial aux héros et martyrs de la déportation et la Nécropole nationale. Ils ont vu le site de la chambre à gaz du camp, ayant notamment servi dans le cadre d’expérimentation prétendument médicale sur des déportés juifs. Les collégiens ont découvert le lendemain de leur visite les instances européennes de Strasbourg.
Le camp de Natzweiler Struthof
Le camp de concentration de Natzweiler-Struthof est un camp de concentration nazi implanté en 1941 sur le territoire de l'Alsace annexée par l'Allemagne. En septembre 1940, à proximité du village de Natzwiller, germanisé en Natzweiler, les nazis découvrent un filon de granite rose. En mars 1941, Himmler, chef de la SS, ordonne de construire un camp de concentration pour son exploitation au profit des grands travaux de construction du Reich.
Plus de 50 000 déportés
Le 1er mai 1941, au lieu-dit « le Struthof », le Konzentrationslager Natzweiler est officiellement ouvert. Initialement conçu pour incarcérer des prisonniers politiques français, le camp est rapidement devenu un lieu de déportation pour des prisonniers de diverses nationalités.
En 1943, Natzweiler est désigné comme camp de regroupement de tous les détenus masculins, victimes du décret Nacht und Nebel. De 1941 à 1945, 52 000 déportés, de plus de 30 nationalités différentes, sont déportés à Natzweiler et dans ses camps annexes.
Des expériences sur les prisonniers
De 1941 à 1944, le camp est le lieu d’expériences médicales, où certains déportés servent de cobayes pour la médecine nazie. L'horreur atteint son paroxysme avec la création d'une chambre à gaz en contrebas du camp, dans l'ancienne salle de bal de l'hôtel. Cette petite pièce de 9 m² a été aménagée à la demande des professeurs de médecine nazie de l'Université du Reich, à Strasbourg, afin de procéder à de prétendues expériences médicales.
En août 1943, le professeur August Hirt, alors directeur de l'Institut d'anatomie de l'Université du Reich de Strasbourg, réussit à faire venir du camp d’Auschwitz, en Pologne, 86 déportés juifs dans le but de constituer une collection de squelettes de la "race juive" avant qu'elle ne soit anéantie. Pour ne pas abîmer les corps, il décide de faire gazer les victimes.
Lieu de mémoire
Il a fallu attendre le début des années 2000 et le travail d’enquête d’un journaliste allemand, Hans-Joachim Lang, pour que ces victimes sortent de l’anonymat. Leurs noms sont désormais inscrits sur un monument placé à proximité de l’annexe abritant la chambre à gaz.
Le site de l’ancien camp de concertation de Natzweiler-Struthof est un haut-lieu de la mémoire nationale. Il fait aussi partie du Réseau des lieux de mémoire de la Shoah, qui regroupe les sites liés à l'histoire et à la mémoire de la persécution, de la déportation, de l'extermination, du sauvetage ou de la résistance des Juifs de France durant la Seconde guerre mondiale.